Béatification de Floribert Bwana Chui : un jeune Africain, témoin d’espoir pour le monde

Emotion et grande joie à la basilique Saint-Paul-hors-les-murs de Rome

Des applaudissements nourris ont retenti dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome, le dimanche 15 juin 2025, lorsque le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour la cause des saints, a lu la lettre apostolique par laquelle le pape Léon XIV a béatifié Floribert Bwana Chui, un jeune Congolais de la Communauté de Sant’Egidio. Il a été assassiné à l’âge de 26 ans pour avoir refusé de laisser passer une cargaison de riz avarié à la frontière entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.

Floribert est le premier martyr africain tué pour son opposition à la corruption. Sa commémoration liturgique a été fixée au 8 juillet, jour de sa mort. La célébration de la béatification, qui s’est déroulée à Rome en raison des conditions de sécurité précaires à Goma, sa ville natale, a été présidée par le cardinal Semeraro et concébrée par Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, et de nombreux évêques congolais.

Des centaines de représentants de la Communauté de Sant’Egidio du Congo et d’autres pays africains – dont le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Malawi, le Mozambique, le Sénégal et le Togo – sont venus à Rome pour assister à la béatification et ont été salués par le Pape lors de l’Angélus sur la Place Saint-Pierre, ce même dimanche.

Dans son homélie, le cardinal Semeraro a rappelé que Floribert était un jeune laïc de l’Église de Goma et un membre dévoué de Sant’Egidio, totalement donné à l’amour de Dieu, qui l’a façonné dans les choix les plus profonds de sa vie. « Dans toutes les circonstances de sa vie, a-t-il dit, Dieu était son point de référence. Une preuve concrète en est sa Bible, conservée aujourd’hui à Rome, dans le Sanctuaire des Nouveaux Martyrs de la Basilique Saint-Barthélemy sur l’île du Tibre à Rome, qui porte les traces d’une lecture assidue ».

Le cardinal a cité des paroles du Bienheureux : « Tout le monde a droit à la paix du cœur ». Des mots qui résonnent avec une force particulière en cette période marquée par la violence, tant au Congo que dans le monde. « Si nous célébrons aujourd’hui sa béatification à Rome, a souligné le Card. Semeraro, c’est parce que, malheureusement, les conditions de sécurité ne sont pas réunies à Goma. De plus, Floribert rêvait de se rendre un jour en pèlerinage à Rome. D’une certaine manière, ce souhait est spirituellement exaucé aujourd’hui ».

« Prière, pauvres, paix, a-t-il poursuivi, le Bienheureux a cherché tout cela dans l’atmosphère tendue de sa ville. Il ne voulait pas de la guerre et rêvait de réunir les jeunes en une seule famille. C’est pourquoi il s’est engagé à Sant’Egidio, parce que – disait-il – « elle réunit tous les peuples à la même table ». Il rêvait d’être un homme de paix, contribuant à la paix dans sa patrie bien-aimée. Aujourd’hui, nous faisons nôtre son désir: un Congo en paix, uni autour d’une même table, comme une seule famille ».

Floribert a refusé de céder à la corruption, même lorsqu’il aurait pu facilement gagner de l’argent en laissant passer la cargaison dangereuse. « Fortifié par la Parole de Dieu et l’Eucharistie », a souligné le Cardinal, « il s’est demandé : Si je fais cela, est-ce que je vis en signe du Christ ? Il a répondu en se disant : En tant que chrétien, je ne peux pas accepter de risquer la vie d’autrui. Mieux vaut mourir que de prendre cet argent ».

Le choix était radical et lui a coûté la vie : « C’est la grâce jusqu’au bout », a dit le Card. Semeraro : « résister au mal jusqu’à verser le sang ». Il a également rappelé les paroles du pape François lors de son voyage apostolique au Congo le 2 février 2023 : « Il aurait pu laisser passer, personne ne l’aurait remarqué et il en aurait profité. Mais en tant que chrétien, il a choisi d’être honnête. C’est garder les mains propres, alors que les mains qui trichent avec l’argent se tachent de sang ».

« Par l’intercession de ce nouveau bienheureux, a encore ajouté le Card. Semeraro, que le Seigneur accorde aux jeunes et à tous les croyants du Congo, et en particulier à ceux de Goma, la force de poursuivre le bien et de résister au mal. Et, encouragée par son exemple, que la Communauté de Sant’Egidio poursuive son chemin sous le signe de la prière, des pauvres et de la paix. Que le Seigneur nous donne à tous la force de préserver le message du bienheureux Floribert, dans le cœur duquel l’amour de Dieu s’est répandu par l’Esprit Saint ».

La cérémonie s’est terminée par les remerciements du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, qui s’est adressé à l’assemblée en français. Il a remercié le pape François et le pape Léon XIV pour le don du nouveau bienheureux. Il a également remercié chaleureusement la « famille biologique » de Floribert – sa mère et ses frères étaient présents – et la « famille spirituelle » de la Communauté de Sant’Egidio.

Andrea Riccardi a ensuite exprimé ses remerciements : « Nous remercions le pape François, qui a reconnu le martyre de Floribert et en a compris le sens profond. Et le pape Léon XIV, qui a annoncé sa béatification. Un remerciement particulier aussi au cardinal Semeraro, qui a présidé la célébration avec beaucoup d’implication et de profondeur. Avec gratitude, nous pensons également à la famille et aux amis congolais de Floribert, qui ont apporté aujourd’hui le vêtement que le martyre portait le jour de son assassinat. C’est un geste qui maintient vivante la mémoire de Floribert et renforce le lien avec lui. Ce fut une célébration intense, imprégnée de prière et d’espoir pour le Congo, ainsi que de solidarité avec un peuple qui continue à rechercher la paix et la justice. Floribert parle à notre époque, caractérisée par l’idolâtrie de l’argent et du pouvoir. Son choix, discret mais clair, a aujourd’hui une valeur héroïque. Ce jeune homme, assassiné à Goma en 2007, est devenu un guide pour ceux qui aspirent à une vie grande et généreuse. Son témoignage reste vivant et nous parle à tous ».

Homélie du Cardinal Semeraro (en anglais)

Intervention du Cardinal Ambongo

Intervention d’Andrea Riccardi